
LE MASH UP...
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Forme vidéographique née avec l’essor du numérique, d’Internet et des sites communautaires participatifs, le mash up est un mélange d'images et de sons numériques. C’est un art du recyclage, du remploi d’images empruntées et tournées par d’autres. Il consiste en effet à ponctionner des contenus audiovisuels dans des contenus premiers ou préexistants, qu’on va ré-assembler pour fabriquer un nouveau contenu. Le créateur-producteur n’est donc pas producteur des éléments sources mais producteur du montage et de l’assemblage de ces derniers. La pratique du mash up s’inscrit dans une pratique bien plus ancienne appelée found footage, qui permet de fabriquer ce même type d’objet : un nouveau contenu conçu à partir d’objets récupérés, créés par un tiers. Les deux types de production - partant de found footage - les plus courants sont le type documentaire et le type artistique.
On a notamment parlé de cinéma mash up, recyclage artistique d’œuvres populaires en une création plus expérimentale. Ce remix d’images est fortement lié à la pop culture et la forme autonome qu’est le mash up peut s’apparenter à une véritable forme d’expression cinéphile. Dans cette optique, le mash up se différencie des mouvements artistiques qui l’ont précédé par son caractère presque inhérent de partage. Le mash up prend en effet toujours en considération le public et installe une certaine connivence avec lui, souvent moins élitiste que le cinéma dit d’avant-garde.
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...À LA DÉCOUVERTE D'UN ART
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Notre choix vise à "mashuper" les arts. Il s'agit de “Peintures et cinéma - Blow Up - ARTE” publiée par la chaîne du même nom. Elle est extraite du web-magazine Blow Up (étant aussi une chaîne Youtube, donc) conçu et réalisé par le critique de cinéma Luc Lagier depuis 2010, co-produit par la chaîne de télévision Arte France. Blow Up se veut “un laboratoire de formes, courtes, ludiques et originales pour parler du cinéma autrement, des films qu’on aime et de ceux qui les font”, dans les mots de Lagier. La chaîne Youtube, qui dépasse aujourd’hui les 77 000 abonnés, produit et publie de courtes vidéos revisitant l’histoire du cinéma à travers des montages très personnels, reliant des films extrêmement disparates grâce à la filmographie hétéroclite d’un auteur, d’un acteur, un objet, une thématique ou une fonction. Ce sont des travaux sur la mémoire subjective du cinéphile, qui jouent avec ces objets-oeuvres caractérisés à la fois par leur unicité et par leur grande popularité et/ou reconnaissance. Lagier, en effet, revendique une dimension ludique à son “laboratoire”, qu’il juge “trop souvent absente” du discours cinéphile. La particularité des mash ups de Blow Up, contrairement à d’autres, est leur “professionnalisme” quant à cette pratique souvent amateure.
La vidéo "Peintures et cinéma" fait donc partie des collections Blow Up et plus particulièrement d’un type précis de mash ups appelé re-cut, consistant à re-couper des portions de films pour les assembler en un montage généralement cohérent, recréant un nouveau film. Celle-ci a choisi de tourner autour du thème de la peinture, dans le cadre autrement artistique qu'est le cinéma, se présentant comme une création audiovisuelle elle-même artistique et plutôt admirative et respectueuse des œuvres avec lesquelles elle est construite. Contrairement à d’autres formats Blow Up, commentés par un narrateur off et prenant davantage la forme de catalogues de plans et donc d’objets correspondant à une thématique ; Peintures et cinéma cherche une vraie fluidité et un véritable caractère esthétique. La vidéo démontre d'un réel caractère professionnel du mash up et également de sa relative légalité dans un contexte de réappropriation importante d’œuvres “de l’esprit” (un point majeur qui n'est pas toujours respecté dans des créations plus amateures). La vidéo se déroule selon une structure bien réfléchie, progressive, abordant dans un premier temps la thématique du “peindre” puis de l’ “exposer”. Ajoutée le 19 octobre 2016 à la chaîne, la vidéo comptabilise aujourd’hui 25 017 vues, chiffre raccord avec la popularité certaine du programme auprès des internautes cinéphiles et/ou curieux...


